jeudi 12 juillet 2007

Notes de lectures

Texte par Éric

Voici quelques commentaires sur deux livres que j’ai lu dernièrement, et dont le sujet est pertinent sur la question de l’hypothèse parapsychologique en ufologie (HPP). Il s’agit de « Conscience invisible » de Dean Radin, et de « Mothman Prophecies » de John Keel.

Le livre de Dean Radin est qualifié de « bible » de la parapsychologie. Après l’avoir lu, je comprends pourquoi un tel descriptif est donné à ce livre. Il fait un excellent tour d’horizon de la recherche en parapsychologie dans un langage accessible. De plus, il donne, via ses comptes-rendus des méta-analyses faites dans le domaine, de puissants arguments pour montrer que ce qui est étudié par la parapsychologie est fondé sur des phénomènes réels. Je n’avais pas besoin de ces arguments pour être convaincu, mais il est bon de les avoir à portée de main. Ce que je retiens, ce sont essentiellement deux arguments clés. Le premier est celui de la question du psi social. Bien que Radin n’utilise pas explicitement cette expression, elle m’apparaît implicite dans sa description des effets sur les GNA (générateur de nombres aléatoires) lors de l’annonce du verdict dans le procès de O.J. Simpson. Il y a eu un même effet enregistré à la suite des évènements du 11 septembre 2001 (ce dont il discute dans un livre plus récent « Entangled Minds »). On peut donc dire qu’il existe une base empirique qui nous permet de soutenir l’existence d’un psi social. Le second argument de Radin que je retiens est celui où il considère que toute théorie du psi devrait être capable d’expliquer bien des choses, y compris la question des observations d’OVNI. En ce sens, le livre de Radin est encourageant dans la mesure où ma démarche semble s’inscrire dans un projet scientifique plus large.

Le livre de Keel, que j’ai lu dans sa version orginale anglaise, fut à la fois une surprise et une déception. J’ai vu il y a quelques années le film qui a été fait à partir du livre de Keel, mettant en vedette Richard Gere, et où Keel joue une sorte de cameo sous le nom de John Leek. Ma première surprise est que le livre, contrairement au film, est d’abord et avant tout le compte-rendu de ses recherches ufologiques qui l’on amené a étudier les évènements qui se déroulèrent dans une petite ville de la Virginie occidentale. Le film n’a pas cette saveur ufologique.

Le livre est d’abord le récit des recherches de John Keel, où il décrit les différents témoignages qu’il a entendu, ainsi que les récits publiés par d’autres. C’est un texte bien écrit, mais très anecdotique. Ici et là, Keel fait des commentaires sur l’état de l’ufologie. Il décrit les tenants de la thèse « tôle et boulons » (HET) comme étant obsédés, et incapables d’intégrer les témoignages qui n’entrent pas dans le cadre de la HET. De plus, il dénonce les ufologues HET, qui, bien intentionnés, ne font que renforcer le ridicule sur le sujet. En fait, il va même jusqu’à dire qu’on n’a pas besoin d’un complot de désinformation pour nuire à l’ufologie. On a qu’a laissé les ufologues parler. Ses commentaires sont durs, mais ils me semblent malheureusement assez justes. Ce que Keel ne nous dit pas, c’est comment il arrive à justifier l’explication paranormale (HPN). Selon lui, la Terre est habitée, ou visitée, par ce qu’il appelle des « ultraterrestres », entités qui existent dans un univers parallèle au nôtre, et qui à l’occasion se recoupent. Il fait une place à la parapsychologie dans la mesure où pour Keel, certaines facultés psi permettent de percevoir partiellement cet univers parallèle. Ainsi, non seulement ses récits anecdotiques laissent entendre qu’il existe une forme d’intelligence qui s’exprime à nous par des moyens psi, mais que certains d’entre nous peuvent les percevoir sans qu’il y ait intentionnalité de la part de ces entités.

Ce qui manque dans son évaluation est la possibilité qu’il s’agisse "simplement" d’un effet psi miroir, où nos angoisses se projettent et prennent des formes physiques temporaires. Certainement dans les cas où il décrit une entité qui s’exprime à travers un « contactee », l’explication parapsychologique est beaucoup plus convaincante que l’explication paranormale. Un même individu avec plus d’une personnalité n’a rien d’extraordinaire pour tout bon psychologue. Ainsi, il est facilement pensable qu’une personnalité d’un même individu soit plus à l’écoute de son inconscient et ainsi ait de meilleures capacités psi. Les soi-disantes prédictions de l’entité peuvent simplement être une prémonition psi exprimée à travers un individu à personnalités multiples. Pour les observations d’OVNI et du mothman, dans la mesure où le temps n’est pas une variable à sens unique, comme la recension de Radin semble le démontrer, les habitants de la petite ville de la Virginie occidentale auraient pu inconsciemment savoir par des moyens psi qu’une tragédie les attendait. Ainsi, le mothman, et bien d’autres manifestations paranormales, étaient peut-être plus simplement des effets psi d’origine tout à fait humaine; une sorte de poltergeist à grand déploiement. Pour être juste envers Keel, il fait mention au début de son livre du « tulpas » tibétain, qui se défini comme une énergie invisible que les projections de la pensée peuvent contrôler à force d’entraînement, ce qui implique que des effets désordonnés peuvent être causés par les pensées d’individus non entraînés. (C’est sur cette idée de tulpas que la série télévisée britannique des années 1960 les « Champions » a été conçue, et contemporaine à l’écriture du livre de Keel sur le mothman).

Ce que Keel réussi à faire, en revanche, est de démontrer que les cas d’observation ufologique sont souvent complexes, et impliquent des témoignages qui ont peu à voir avec la « tôle et les boulons », et que toute recherche doit s’intéresser à l’ensemble du phénomène, y compris les éléments qui semblent les plus impossibles.